jeudi 9 janvier 2014

Il m'en aura fallu du temps, pour renoncer. Me dire qu'un jour tu auras des enfants, un jour, peut-être j'en aurai aussi. Mais nous n'en aurons pas. Ils n'auront pas tes yeux noirs, tes cheveux épais et tes mains de cuir qui savaient si bien courir le long du corps de mes dix huit ans. Pas non plus ton optimisme énervant, ta gentillesse outrancière et ta façon de cueillir tes mots dans des champs de maladresse, de cueillir tes mots, de soigner mes maux. Ils seront moi mais ils ne seront pas de toi. Ils n'auront pas ton nom apposé au mien, pas nés de ton corps délicieusement apposé au mien.

A qui donner maintenant ce corps, ce champ de bataille amnistiée, ce paysage aux vallons barrés de sillons, où tu voyageais ; témoin de l'acharnement d'un Homme à faire vivre un nourrisson, de la vie jaillissant encore de l'infecte pourriture.
J'ai appris peu après, que tu avais trouvé un travail, tu aidais les médecins à faire naître les enfants dans un bloc opératoire, que tu plongeais les mains, dans les entrailles des femmes, pour que jaillisse le nouveau-né.


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