vendredi 5 octobre 2012

Cette semaine, il y a eu de l'émotion devant ses yeux qui se sont fermés, ces vie qui se sont éteintes. Et de l'incompréhension aussi, comment l'habitude et les conditions de travail déshumanisent la prise en charge ...
J'ai pensé à ces quatres filles qui avait perdu leur mère, leur témoin, un peu de leur enfance aussi, à cette plaie béante avec laquelle elles devront vivre, cette absence qu'il faudra apprivoiser.
Cette autre patiente, avec qui je riais tant, je crois que je manque de courage, alors je ris avec eux, même si je sais qu'ils sont au bout du bout. Je suis "la petite", celle avec qui ont ne parle pas vraiment de ce qui arrivera, comme si eux aussi voulaient m'épargner. Sa soeur m'a dit "elle ne vous embêtera plus avec vos cheveux, elle vous aimait beaucoup, elle vous aimait tous", pardon Madame, si, j'ai eu envie de rire en repensant à ça, parce qu'elle m'avait dit que votre nouvelle coupe de cheveux était horrible, que c'était de l'arnaque de payer si cher pour un tel résultat et qu'un jour, elle vous le dirait. Je crois qu'elle l'a fait, l'honnêteté de ceux qui n'ont plus rien à perdre ...




Je vis en colocation le temps de mon stage, dans un appart qui sent le renfermé, avec un colocataire, qui ne parle pas. Je dors avec un couteau à beurre ridicule sur ma table de nuit. Pour me rassurer, ma tante m'a dit que Xavier Dupont de Ligonnes n'avait toujours pas été retrouvé.



Je redécouvre l'auteur de mes jours, comme si une boulimie de moments avec lui m'envahissait, comme si je rattrapais toutes ces absences. J'ai l'impression d'avoir six ans, à être blottie dans un coin de garage, assise sur une chaise pendant des heures à le regarder travailler, cuisiner, donner. Comme quand il m'emmenait avec lui quand il allait tuer puis découper des bêtes dans les fermes voisines pour gagner une misère, l'attendrissante barbarie de mon enfance. Quinze ans après, mon regard n'a rien perdu de son admiration, et je crois qu'elle est un peu réciproque. On se retrouve un peu, lui et moi, qui nous ressemblons tant, dans notre façon d'aimer passionnément ou pas du tout, dans notre sensibilité aussi, ça l'inquiète et ça me flatte, je suis enfin la fille de quelqu'un, Je me retrouve dans ses excès, ses haut démesurés et ses bas assourdissants.
Je le croyais dur et parfois cruel, il me montre aujourd'hui qui il est, et je découvre avec émotion, que j'avais rejetté une partie de mon enfance cet être sensible et torturé, qui me connait si -trop- bien.

dimanche 23 septembre 2012

 
Cela fait déjà longtemps que je suis les blogs, que je regarde grandir les enfants, que j'assiste médusée aux combats que se livrent les mères sur des enjeux d'éducation pas franchement primordiaux, que j'admire les trouvailles des unes, les créations des autres et les billets engagés que je lis à chaque fois avec passion.
 
En lisant ces petits moments de vie souvent si touchant, parfois très personnels, j'ai toujours eu l'impression d'être illégitime, n'ayant pas de blogs pour rendre un peu des confidences laissées sur cette toile, pour répondre aussi.
 
Je suis étudiante infirmière depuis presque trois ans et depuis ma vie c'est d'être là, à veiller sur la vie qui commence, la vie qui s'éteint et celle qui continue malgré tout, c'est les mains tendues et parfois les poings levés, la lassitude, la fatigue et l'espoir aussi.
 
Si la vie m'avait dotée d'un physique tout autre et d'idées politiques moins hard, j'aurais pu être la réincarnation de Brigitte Bardot (et me taper celle de Gainsbourg par la même occasion ... )
 
 
 
 Mais bon, je suis Clo, j'ai vingt ans sur les papiers, parfois deux quand je joue avec ma merveille, parfois cent quand je regarde le ciel. J'aime la poèsie de Gainsbourg, les mots de Renaud, de Baudelaire et des loupiots. J'ai souvent trois grammes les soirs d'élection. L'air un peu ailleurs, en talon dans les manifs.
 
Dans ma vie, il y a surtout une merveille, pas la mienne mais quand même, qui me rappelle à chaque pas, que les choses je les fais aussi pour elle.